Copies : trop belles pour toi !

Le Corbusier, Eames, Jacobsen, Knoll, Bertoïa, Saarinen, Sarfatti… Bien qu’interdites à l’exposition-vente, les copies fleurissent.

« Celles des modèles iconiques sont souvent de qualité », précise Yannick Del Papa, spécialisé dans le mobilier de 1945 à 1980. Ces fabrications actuelles à l’apparence trompeuse se propagent notamment via des sites de commerce en ligne qui n’hésitent pas à mettre en avant la biographie du designer, l’histoire de la pièce !

« Lors d’un salon à Bruxelles, j’ai vendu des créations de Willy Van Der Meeren, un créateur belge connu pour ses réalisations fonctionnelles et accessibles à tous », explique Patrick de Gotta Design. « J’ai appris qu’elles partaient en Chine… pour servir de modèle pour des copies ! »
 

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Image source undesignable.eu

Comme les autres meubles, certaines contrefaçons arrivent à leur tour sur le marché de l’ancien. Mieux vaut donc rester vigilant. 

En effet, côté porte-monnaie, une copie n'atteindra jamais le prix d’une édition en bonne et due forme...

L’absence d’authenticité est de surcroît synonyme de tromperie sur la propriété intellectuelle. « Copie ou imitation pillent le fruit du travail du créateur », résument Isabelle de Ponfilly et Joséphine Bursacchi qui éditent des pièces intemporelles des années 1950 à 1970.

Le designer ou ses ayants droit sont alors privés de tout bénéfice sur ces ventes.

En outre, « l’escroquerie risque de toucher la qualité des matériaux et des montages, donc de nuire à la durabilité. La production est aussi lointaine, donc peu respectueuse de l’environnement. On peut même s’interroger sur les normes de sécurité ». 

 

Les conseils d’Undesignable 

Des vis typiques d’une époque aux usures en passant par les logos : tout peut être imité pour tromper… Quelques précautions permettent néanmoins d’éviter les grandes déconvenues :

  • Documentez-vous : dévorez les ouvrages pour repérer les classiques et identifier les éditions, posez des questions auprès collectionneurs et des marchands passionnés ;
  • Exercez votre œil dans les salons, les galeries, les musées ;
  • Comparez les modèles, les matériaux : un cuir de moindre qualité, une structure simplifiée… doivent vous interpeller. Le poids peut être révélateur, indique Julien Chamoux. « Des copies du fauteuil Barcelona (Ludwig Mies van der Rohe) qui circulaient pesaient nettement moins lourd que l’authentique », poursuit le marchand. « Observez les finitions, conseille aussi Isabelle de Ponfilly.  Elles permettent de détecter beaucoup de choses ». Une fixation ou une soudure qui ne correspond pas à l'habitude doit interroger ;
  • Le doute subsiste ? « Le travail d’un expert peut sécuriser l’acheteur, indique Yannick Del Papa. Vous pouvez aussi vous tourner vers une fondation, voire questionner l’éditeur, complète Isabelle de Ponfilly. L’ancienne DG de Vitra explique d’ailleurs, « Il m’est arrivé d’être consultée pour dater un modèle ou donner un avis » ;
  • Adressez-vous de préférence à des marchands spécialisés ;
  • Triez les offres sur Internet. On y trouve des marchands sérieux et reconnus… mais également des sites de copies ;
  • « Doutez face à la trop belle affaire ! » met en garde Yannick Del Papa : un prix faible pour une modèle emblématique est un mauvais signal ;
  • Préférez un meuble dans son jus plutôt qu’une version en parfait état ;
  • Demandez une facture la plus détaillée possible, conseille Joséphine Bursacchi. Elle doit idéalement comprendre un descriptif, le nom du modèle et du designer, la date de la pièce, son fabricant et son distributeur, la matière, son édition, les éventuelles restaurations…

     

Il y a trois réactions possibles à tout design : oui, non, et WAHOU ! La troisième est celle que je vise. 

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