« Tout jeune j’avais déjà une grande curiosité pour les objets, leur histoire, raconte Damien Tison. Mon père était marchand généraliste dans la Sarthe. Sa boutique pleine de mobilier rustique se tenait au bord d’une nationale. J’aimais l’accompagner : j’appréciais le contact avec les clients et les brocanteurs. J’étais épaté par l’érudition et la capacité de certains de ces professionnels à reconnaître des meubles et objets. Les grands connaisseurs sont aussi rares que passionnants. J’avais envie de leur ressembler ! »
Le jeune homme oriente donc ses études dans ce sens. Il se forme à l’expertise d’œuvres d’art à Paris et fait ses premiers pas en tant que marchand sur de belles foires généralistes (la Foire de Chatou, les puces rouennaises) et des manifestations spécialisées dans le design.
Il y a vingt ans, il ouvre sa boutique à Paris. Pas de fil conducteur dans son offre, mais des coups de cœur. « J’achète ce que j'aime, résume-t-il. Dans ce premier magasin, je mélangeais déjà une commode du XVIIIe siècle avec une lampe des années 1970 et un tableau contemporain. Je me suis aperçu que la commode ne partait pas vite, même elle si plaisait ! ».
Ses choix s’orientent alors plus sur le XXe siècle. Néanmoins le spécialiste garde toujours un œil sur l’ancien, notamment sur la peinture.
Embarqué depuis quelques années dans Affaire conclue, l’acheteur du petit écran est ravi de partager sa passion. « L’émission de France 2 fait parler du métier, affirme-t-il. Elle dépoussière la brocante et donne envie de pousser la porte. Et pour moi c’est aussi l’occasion de croiser des personnes que je n’aurais jamais rencontré sans la télévision ».
Damien en profite pour oser à nouveau les mélanges. Et cette fois, « ça fonctionne bien ! » constate-t-il.
Son univers mêle des pièces signées et anonymes de toutes époques et fait la part belle à aux luminaires. « Aujourd’hui les gens préfèrent multiplier les sources d'éclairage dans leur intérieur pour créer une ambiance conviviale. Le design ou l’aspect sculptural des lampes apportent la touche finale de la déco ».
Il apprécie aussi les céramiques qui répondent « au retour d’un goût pour l’accumulation d’objets, façon cabinet de curiosité. Les chineurs s’intéressent à l’âge d’or des années 1950. Georges Jouve est le maître de cette époque. Ses œuvres, comme celles de Capron ou des Ruelland, se vendent très bien. Mais il y a une profusion de modèles et de style : on peut se faire plaisir avec des créations de designers plus confidentiels. Elles sont moins chères et font autant d’effet déco ».
Loin d'être blasé par l’univers de la chine, Damien se réjouit. « On a beaucoup de chance en France, car on a toujours eu les plus belles productions du monde. Quand on a la chance de trouver une pièce, c’est une journée dont on se souvient ».
Cécile Ybert